Dans l'Écho du Silence

 

Entre espoirs et déceptions, l’Algérie, ce pays d'Afrique du nord, jongle depuis 1962 comme un prestidigitateur un peu trop optimiste… ou plutôt, une nation « en devenir » depuis plus d'un demi-siècle. Une jeunesse vibrante d’espoir, nourrie par des rêves de liberté, de démocratie et de prospérité, a rapidement été accueillie par une autre réalité : celle des promesses qui volent en éclats, emportées par le vent du « changement perpétuel ». Parce que, voyez-vous, l'Algérie a toujours eu une capacité remarquable à renouveler ses promesses tout en préservant scrupuleusement ses défauts.
Je me souviens de ce jeune garçon, tout feu tout flamme, perdu dans un destin qu’il croyait immuable. Sous le soleil d’Algérie, chaque grain de sable semblait marquer une étape, non pas d’un chemin de liberté, mais plutôt d'un parcours de hamster, où les roues du pouvoir tournent sans cesse, mais ne mènent nulle part. Il rêvait de justice et d’égalité, mais les espoirs étaient aussi solides que le sable du désert – tout aussi mouvants et impossibles à saisir. Solitaire, certes, mais surtout solidaire avec des illusions collectives qui se dissipent à mesure que le temps file, comme un mirage au loin.
La politique ? Un feu d'artifice de promesses de démocratie et de prospérité, tout ça pour finir dans le grand panier des promesses non tenues. C’est un peu comme un marché où les fruits sont jolis, mais tous pourris à l’intérieur. Chaque régime qui se succède semble être une variante d’un vieux sketch comique. De la « stabilité » à la « modernisation », on a vu des ministres du changement expliquer comment ils allaient « transformer » le pays, pendant que, sous leur nez, l'économie s'effondrait et les jeunes fuyaient à la recherche d’un avenir où la liberté ne rimerait pas avec bureaucratie. Et pendant ce temps, la pauvreté, toujours bien installée, faisait tranquillement son œuvre.
Et puis, voilà que le jeune garçon commence à douter. Non pas de la beauté de l'Algérie, qui, elle, reste majestueuse, mais du pouvoir de ceux qui prétendent la gouverner. Il se rend compte, après une longue réflexion sur ses pieds écrasés sous le sable, que l’avenir est entre ses mains. En effet, il s’est enfin décidé à ne pas attendre que l'État, aussi réactif qu’un dromadaire en sieste, lui offre une quelconque chance. Ce fut un moment de lucidité totale. Dans le désert, il comprend que la liberté n’est pas donnée par le système, mais qu’elle est une conquête personnelle.
Un vent frais souffle sur les dunes… ou peut-être est-ce simplement l’air conditionné d’un bureau ministériel, qui sait. Le garçon, devenu homme, est prêt à tracer son propre chemin. Mais ce chemin, a-t-il vraiment besoin d’être tracé à travers les ruines d’un passé glorieux et mythifié ? Ou est-ce plutôt un moyen de laisser derrière soi l’incessant défilé de gouvernements et de réformes « révolutionnaires » qui ne font que tourner en rond, comme ces belles promesses ? Après tout, ce sont les gens qui choisissent de se relever, même quand les autorités préfèrent discuter pendant des heures autour d’un thé à la menthe, oubliant les urgences du pays.
Les années passent, mais ne nous inquiétez pas : les gouvernements continuent de se succéder avec la même régularité que les rotations de la terre sur son axe. Chacun tente d’imposer sa marque, mais jamais véritablement d’effacer les empreintes laissées par ceux qui l’ont précédé. Les problèmes restent. La corruption, aussi tenace qu’une vieille habitude, continue de prospérer. Mais le jeune homme, maintenant vieux, avance avec la certitude que l'avenir est celui qu’il choisit de bâtir… ou du moins celui qu’il espère secrètement qu’un jour quelqu’un d’autre le construira à sa place.
Dans ses mémoires, il parle d’un peuple tiraillé entre un passé glorieux (qu’il faut toujours glorifier, même si c’est un peu poussiéreux) et un futur incertain. Mais l’Algérie, comme lui, se transforme lentement, peut-être même très lentement, mais c’est ce qui la rend si fascinante. Un jour, peut-être, la liberté qu’il a cherchée se manifestera enfin, à condition que le GPS du gouvernement cesse de tourner en rond autour de la même question : "Où allons-nous exactement ?"


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